La grave crise sanitaire liée au COVID 19 questionne de nombreux aspects de la vie professionnelle. Les exigences du contrôle de l’épidémie, après la pause dans la diffusion du virus liée au confinement, trouvent avec la reprise graduée des activités professionnelles dans le contexte du dé confinement progressif une actualité renforcée.
La nécessaire reprise de l’activité des entreprises avec la reconstitution des collectifs de travail repose avec acuité la question de la responsabilité de l’employeur quant au risque d’infection des salariés sur leur lieu de travail.
L’inflexion de la jurisprudence passant d’une obligation de sécurité de résultat à une obligation de sécurité et de prévention donne, dans le présent contexte épidémique, un tour aigu au respect des prescriptions et des recommandations qui sont diffusées (notamment guides métiers etc…). Ainsi le respect des prescriptions « gestes barrières », la nécessaire discipline comportementale sur les lieux de travail, laisse une part décisive à la formation à la sécurité sanitaire que doit mettre en place l’employeur (les récentes et médiatiques décisions de justice insistent toutes sur cet aspect !) pour atteindre l’objectif de prévention assigné.
En effet autant l’employeur a fortement intérêt à suivre les recommandations notamment contenues dans les « guides métiers » mis en place sous la houlette du Ministère du travail, autant son action demeure fortement conditionnée par le seul comportement individuel de chacun des salariés membres des collectifs de travail constitués au sein de chaque entreprise quant à leur action propre à éviter la survenance d’une deuxième vague de diffusion du virus.
La formation et la diffusion des bonnes pratiques, visant à assurer la sécurité sanitaire de tous, trouve ici une importance vitale comme véhicule du déploiement des bonnes pratiques comportementales dans le prolongement de l’exigence de la mise en œuvre des « gestes barrières ».
Cette importance, redevenue centrale, donnée à la formation à la sécurité et à la prévention bat en brèche plusieurs décennie où la sécurité collective s’appliquait quasiment à l’insu de la volonté du salarié.
Cette évolution notable, hors la gravité de la situation épidémique, a au moins l’intérêt de replacer au centre des préoccupations les exigences liées au fonctionnement des collectifs de travail, à la gestion de ceux-ci, au nécessaire travail de conviction que responsables et managers doivent assurer dans les circonstances présentes, vis-à-vis de leurs équipes.
En replaçant l’humain et son comportement comme variable essentielle de lutte contre la propagation du virus, c’est aussi la mobilisation de l’esprit d’équipe et le sentiment d’appartenance à l’entreprise qui se trouve être à nouveau mobilisé parfois après plus de deux mois de chômage partiel ou de télétravail. Il n’est pas douteux que la formation à la sécurité sanitaire que doit mettre en œuvre chaque employeur dans son entreprise trouvera une résonnance bien plus importante que les seuls aspects prévention des risques de propagation du virus.
En fait ces exigences de formation à la sécurité sanitaire outre leur objet propre constituent le premier travail de mobilisation des responsables vis-à-vis de leurs équipes pour recueillir leur adhésion à la réalisation des efforts nécessaires pour pouvoir redresser les situations économiques mises à mal par le contexte sanitaire. L’intérêt de replacer l’humain au centre, est aussi lié à ce qu’un investissement sur un thème précis puisse permettre de recueillir des fruits en termes de mobilisation et d’adhésion de la part des salariés sur au final tous les plans qui fondent leur adhésion au projet d’entreprise.
Philippe NICOLAS – Spécialiste public / privé en relations sociales