Les NAO 2025 s’ouvrent dans un climat bien différent de celui des deux années précédentes. Après deux cycles de hausses notables des budgets salariaux, l’heure est désormais à la prudence. Le ralentissement économique, la désinflation progressive et les incertitudes politiques et budgétaires installent un cadre contraint pour ces négociations annuelles obligatoires.

Les tensions sociales montent et les revendications salariales s’annoncent vives, dans un contexte où les entreprises serrent les cordons de la bourse. Pour la présidente de la fédération des banques CFTC, « la tendance n’est pas au beau fixe pour les salariés ». Le Monde titre : « Les augmentations générales de salaire en recul dans un contexte économique incertain » (Le Monde, 9 janvier 2025). Capital.fr enfonce le clou : « Les augmentations dans le privé en forte baisse en 2025 ». L’ambiance est donnée.

Dans ce climat, difficile d’aborder la négociation avec légèreté. À moins de chausser en permanence des lunettes roses – une vision que peu de négociateurs peuvent se permettre – il faut admettre que l’environnement actuel s’invite à la table des discussions. La croissance économique en berne, les ajustements budgétaires des entreprises et une inflation désormais plus modérée mais encore pesante redéfinissent les marges de manœuvre.

L’inflation, justement, a marqué les esprits ces dernières années. Si elle ralentit, ses effets persistent, et les attentes salariales restent fortes. Les salariés ne voient pas nécessairement d’un bon œil la fin des hausses généralisées et risquent de redoubler d’exigences, en particulier dans les secteurs où la guerre des talents a fait rage ces dernières années. Or, le rapport de force évolue : le marché du travail se stabilise, et certaines entreprises reprennent la main sur les recrutements et les révisions salariales.

Autre sujet inflammable : la hiérarchie des salaires. Les revalorisations successives du Smic ont comprimé les écarts entre les grilles salariales, provoquant frustrations et crispations. La perception d’un déclassement relatif nourrit un mécontentement grandissant. Lorsque, en plus, la question des rémunérations croise celle de l’égalité femmes-hommes, la pression devient encore plus forte sur les directions.

Dans un tel contexte, la NAO 2025 s’annonce comme un exercice d’équilibriste. Comment concilier attentes des salariés et contraintes budgétaires ?

Plus que jamais, la qualité de la négociation sera déterminante. Structurer les discussions, anticiper les points de blocage, proposer des mesures alternatives (avantages sociaux, flexibilité, montée en compétences…) sera essentiel pour éviter que cette NAO ne se transforme en un bras de fer stérile.

Notre cabinet en relations sociales accompagne les entreprises dans ces négociations stratégiques. Parce que, lunettes roses ou non, il vaut mieux être bien préparé pour affronter les défis qui s’annoncent.